Les derniers parfums du chaudron – avril 2012

Les derniers parfums du chaudron

Dernier Métro de Christophe Léon (roman pour les lecteurs à partir de 14 ans)
Paris, février 1962, à la veille du rassemblement populaire organisé pour dénoncer les agissements de l’OAS et la guerre d’Algérie. Le préfet de l’époque, Maurice Papon, ordonne de réprimer cette manifestation. Une dizaine de personnes trouveront la mort dans les affrontements. Daniel, 16 ans, le héros de l’histoire, assiste et participe aux échauffourées. Le roman débute sur l’enterrement des victimes au Père Lachaise, cérémonie à laquelle assiste Daniel. Il semble paumé, faible et fébrile. Les pensées se bousculent dans sa tête et dès la première page, il nous entraîne dans son chaos intérieur. On remonte le temps avec lui, à la découverte de sa famille : des ouvriers, issus du Peuple avec un grand P, communistes de père en fils. Et puis surtout, il y a son père, un homme bourru, juste ce qu’il faut pour cacher un coeur d’or. Daniel l’admire et le respecte même si parfois il lui fait un peu honte (surtout quand il est boudiné dans son short de vélo et qu’il pédale avec peine le long du canal de l’Ourcq). Il y a entre eux deux, une très belle relation faite de non-dits certes mais sensible et complice…
Ce roman dense, à l’écriture « distanciée » (comme si Daniel n’était plus lui même, mais s’observait penser…)est étonnamment construit : passé et présent se superposent sans jamais nous perdre. Ce texte évoque avec finesse que l’Histoire avec un grand H est construite sur les blessures des « petites histoires » (et surtout des petites ?)
(Coup de coeur de cécile)

J’ai adoré les enfants de la forêt de Béatrice Masini à La joie de lire collection encrage
vraiment adoré, si vous l’avez à portée de main, lisez-le !! Surtout que les filles de Comptines ne l’ont pas lu ou commenté.
C’est un roman profond et poétique sur le pouvoir des mots et des histoires, sur la mémoire, sur l’enfance
L’histoire est dure puisqu’après une catastrophe nucléaire, des enfants sont livrés à eux mêmes dans une base, à peine « observés » de loin par des adultes complètement largués.
Ils sont drogués et tentent de survivre, sans affection, sans amour parental, sans éducation.
Jusqu’au jour où le héros Tom déniche un vieux livre de contes et se met à lire des histoires aux autres enfants du groupe, qui se mettent à rêver, à réfléchir, certains à se souvenir, à vivre de façon plus humaine les uns avec les autres.
Ils décident de s’enfuir dans la forêt et Tom devient « naturellement » leur chef et les protège.
Vraiment, je n’en dis pas plus, mais c’est un régal, écrit de façon poétique et juste, sans description superflue car l’essentiel n’est pas dans le décor mais dans les relations humaines, aussi beaucoup de dialogues qui révèlent tous les questionnements quasi philosophiques des enfants. Délicat. Vraiment bien ! (Coup de coeur de Marie-Laure)

Le Mille-pattes, on le dessine comme on veut / Jean Gourounas. -Rouergue.
Cet album nous propose de dessiner un mille-patte. Une histoire sans queue ni tête en apparence mais un livre riche, frais et farfelu qui m’a bien fait rire !2000 bravos à Jean Gourounas.

Le loup Tralala / Michaël Escoffier. -Kaléïdoscope.
Réussi grâce à la connivence installée avec le lecteur, tout en jouant sur la surprise. Grandes expressions des personnages surtout du lapin blanc. C’est bien amusant même si ce n’est pas révolutionnaire. Succés garanti auprès des enfants.

Nuit de rêve / Laurent Moreau. -Actes sud junior.
Un album sans texte rassurant sur la nuit et ses rêves. Apaisant malgré l’inquiétude qui émane de la multiplicité des détails, la porte reste toujours ouverte et la lumière est là. Un bel objet à signaler.

Fanfan / Marie Sellier. -Ed. courtes et longues.
Un éléphant né chez les autruches part à l’aventure pour savoir à quoi ressemble un éléphant. Un texte drôle, dialogué qui se prête à merveille à la lecture à voix haute. De superbes gravures, décalées par rapport au texte, un choix judicieux qui donne à l’ensemble poésie et raffinement. Les dessins sont surréalistes et les couleurs si précieuses (doré et bleu roi) que nous sommes transportés dans ce pays rêvé, d’une savane fantasmagorique où se croisent ballons dirigeables et animaux en parachute.

L’histoire en vert de mon grand-père/ Lane Smith. -Gallimard jeunesse.
Un jeune garçon nous raconte la vie de son arrière-grand-père en se promenant dans son jardin. Un bel hommage aux jardins, à la mémoire et à l’amour aussi. Tendre dans le texte et magique dans le dessin. Un voyage dans le jardin secret de ce papi aux joues roses qui respire la quiétude, le bonheur simple d’une vie accomplie. Touchant et envoutant.

Je veux mon chapeau / Jon Klassen. -Milan jeunesse.
Une sorte de gros ours mollasson cherche son chapeau en demandant aux animaux qu’il croise. Sur la force de persuasion et le mensonge aussi qui risque de délier les langues des enfants car la fin laisse planer un doute… Plutôt original malgré ce type d’aventure ultra-vu.

David

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