Décrypter l’information avec ma bibliothèque : informer et s’informer en temps de crise

Compte-rendu de Véronique Lanquetin, bibliothèque Quintaou, Anglet.

L’actualité, avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, montre le rôle de la désinformation dans cette guerre. En partenariat avec l’association « Entre les lignes », le CRFCB Aix-Marseille a proposé un webinaire « Décrypter l’information avec ma bibliothèque : informer et s’informer en temps de guerre » le 11 mars à 11h.

Intervenants

  • Olivier Guillemain, directeur de l’association « « Entre les lignes »
  • Pauline Croquet, journaliste au Monde et bénévole à l’association « Entre les lignes »
  1. LES BONS REFLEXES

Bien entendu valable hors conflit…

Se poser les bonnes questions :

  • Qui me parle ?
  • Est-ce que je peux faire confiance ?
    • Regarder les autres publications de cette personne
    • Regarder les commentaires sous la publication, si c’est une fausse info, quelqu’un aura peut-être déjà réagi (journaliste ou citoyen)
    • Si pas concluant : continuer de creuser pour trouver la source (qui me parle : un média, une personne qui a une identité traçable, y a-t-il quelqu’un de physique derrière ?)
    • Se méfier des sources anonymes => se poser la question de savoir si un inconnu vous arrête dans la rue pour vous raconter une histoire invraisemblable, est-ce que vous le croyez ???
  • Est-ce qu’on cherche à me manipuler ? Attention aux images qui accompagnent les publications
    • Images choc qui suscitent de l’émotion (biais émotionnel)
    • Vérifier si l’image correspond bien à l’article => être attentif à tous les détails de l’image.
    • Utiliser la recherche d’image inversée sur Google mais il existe d’autres outils pour trouver la source de l’image et vérifier la date, le format initial…

Recouper les informations : c’est la base !

Se méfier du « il parait que », « on m’a dit », du conditionnel.
 En agence de presse, il est interdit d’utiliser le conditionnel

Adopter la bonne démarche, la bonne posture :

  • Ne pas être passif devant les flux d’info : vérifier, trier
  • Ne pas céder à l’émotion et propager de fausses infos, des rumeurs

Des outils :

Décodex du Monde ne fonctionne pas sur les liens des réseaux sociaux : il faut remonter au lien  source  pour le « passer au Décodex »

Newsguard : plugin qui met des feux vert ou rouge en fonction de la validité des infos et de la crédibilité des sources. Partenariat possible avec les bibliothèques

Outil d’Amnesty international : https://citizenevidence.amnestyusa.org/

  1. Comment se construit l’information en temps de guerre ?

C’est difficile de récolter et de produire de l’information au moment du conflit : le journaliste n’a pas toujours accès aux 2 côtés.

Les états diffusent de la fausse info, de la propagande (pour tromper l’ennemi, pour remonter le moral des troupes…) avec des moyens décuplés par les moyens de communications actuels.

Il faut démêler le vrai du faux ce qui est complexe

Le travail du journaliste ne peut pas être complet car « à chaud ». C’est souvent après qu’il est possible d’accéder aux infos : ce sont alors les historiens qui interviennent. Cela peut être long selon le délai d’ouverture des archives.

  1. L’internet, nouveau terrain de guerre

Depuis le début du conflit en Ukraine, les réseaux sociaux sont saturés d’images, de mèmes (images « potaches » qui se répandent à grande échelle (Poutine sur son ours …).

On assiste à une « popculturisation » de la guerre : il est essentiel pour les belligérants de susciter de la sympathie de leur population et de l’opinion internationale.

La Russie met en place un rideau de fer numérique pour couper sa population de toute information non validée par le régime

Les territoires numériques les plus anodins sont devenus des terrains de guerre, des outils qui servent à se divertir peuvent être manipulés et devenir des armes de propagande.

Si on se connecte à Tiktok depuis la Russie, on n’accède pas aux mêmes contenus que partout ailleurs : le Kremlin utilise les réseaux sociaux pour sa propagande.

On assiste à la construction d’un internet qui a de plus en plus de frontières. On s’éloigne de l’idéal d’un internet libre et de la neutralité du Net.

Et les bibliothèques dans tout ça ?

Le monde n’est pas simple et l’éducation à la complexité n’est pas compatible avec la rapidité qui s’impose dans tous les domaines.

Alors quoi faire ?

Faire preuve d’humilité : nous n’avons pas toutes les réponses mais nous pouvons orienter

Ralentir et donner du temps à la réflexion en proposant des contenus vérifiés et validés, des alternatives aux chaînes d’info en continu…

Favoriser le développement de l’esprit critique tout en invitant à se méfier de tout scepticisme dogmatique.

Bon à savoir
 « Entre les lignes » propose de la formation pour outiller les professionnels dont les bibliothécaires.

Magali Meunier

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